Ce billet fait référence à l'entrevue télévisée accordée par Louise Arbour à Radio Canada le 08-11-2010. Madame Arbour interrogée sur sa perception des efforts canadiens en Afghanistan a fait référence au ''pouvoir central de Khartoum (sic)''. Voir ici qu'elle aurait plutôt dû faire mention de ''Kaboul''.
Louise Lapsus Arbour - She is loved |
Sous le choc, j'ai très mal dormi. J'exagère à peine. J'ai beaucoup de misère à envisager que Louise Arbour dépêchée en tant que haute fonctionnaire de l'ONU au Soudan et puis en Afghanistan en tant que directrice d'une ONG (pour ne nommer que ces deux pays-là) en arrive à mélanger les deux capitales de ces États. J'avais toujours cru jusqu'à lors qu'un plafond de verre empêchait ces gens qui ne savent pas où se situe l'Irak sur une carte ou la différence fondamentale entre Bucarest et Budapest d'occuper des postes importants (et cela dans tous les domaines d'activités). J'avais un préjugé sur ceux qui, encore plus chanceux, représentaient la crème du réseau diplomatique mondial et qui incarne la bureaucratie transnationale onusienne. Je m'attends à une connaissance sur le bout des doigts des lieux, des langues, des cultures et peuples de la Terre par cette intelligentsia qui parcourt le globe pour recenser, répertorier, connaître et aider nos semblables humains. Le préjugé étant qu'une simple et sotte association sonore entre deux noms de villes ne pouvait pas sortir de leur bouche créant ainsi un lapsus géographique majeur! Pensons à ce que j'envisageais comme étant le fonctionnaire typique de l'ONU avant cet événement : Le sous-sous-sous-secrétaire qui classe les mémos et apporte le café au sous-sous-sous assistant de Ban Ki-moon est en fait un Chileno-Slovène de 34 ans qui a un post doctorat en sociologie et études culturelles (parcours effectué dans 3 universités différentes sur autant de continents), s'exprime couramment dans au moins 5 dialogues du bantou et peut énumérer en ordre toutes les stations de la ligne Shinjuku (la ligne vert-pâle) du métro de Tokyo.
Je me suis trompé. Mon tissu de croyances s'est déchiré ce soir-là lorsque Madame Arbour, à mes yeux, grande prêtresse du droit international, prononça le glas du respect aveugle que j'avais pour la classe des nomades diplomates. La question que je me pose maintenant en introspection est la suivante : Pourquoi suis-je déçu? Comment une égérie éprise de la Justice des peuples et estimée de tous peut-elle ainsi faire un lapsus aussi dérangeant? Dérangeant pour moi? Oui, parce qu'une image parfaite et idéale est ainsi vite détruite. Je me déteste de ne plus l'aimer. Que me faudra-t-il pour raviver la flamme que j'avais pour sa passion et pour son dévouement auprès des opprimés et des oubliés des conflits mondiaux? Pourquoi tant de philanthropie du terrain vient-elle à être effacée de ma mémoire par un simple détail de diction? Serait-ce en fait de la jalousie déguisée de ma part? Je ne sais pas et ce que je sais c'est que je me sens comme ce Chileno-Slovène qui apporte du café et que pour moi Khartoum est très très loin de Kaboul.
Bien dit. Il faut cependant noter que l'erreur est humaine et que ce lapsus ignominieux peut être dû à une absence passagère, une inattention ou à de la fatigue.
RépondreSupprimerPréservons cette Justice incarnée, cette Athéna onusienne, et ne soyons pas trop dur ou trop prompt à faire une sainte colère. Certes, c'est une bêtise. Certes, c'est en théorie inacceptable pour une femme dans sa position.
Mais s'il s'agissait de la seule faille dans le chef-d'oeuvre, la première craquelure fine sur la nuque de nacre, nous aurions tort de jeter aux ordures notre Vénus. Et que tombée du piédestal, Mme Arbour devienne un martyr traîné dans la boue.
Car il faut imaginer que le domaine d'expertise de Mme la Justice demeure la loi et non la géographie...
Oui encore une fois «bien dit»…Lançons-nous des fleurs en boucle comme des boucs attachés l'un à l'autre par nos cornes entremêlées. Tautologie intime du compliment entre joyaux fraternels. Oh langoureuse mélopée de «certes» et d'images grecques de «nuques» en «nacre». Merci pour ce commentaire, joyau du Péloponnèse, ce sera noté et surtout ta dernière remarque : l'égérie de justice est avant tout femme de loi et non topographe ou toponyme née.
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