Stew à Suzan |
Suzan's Views on Cuisine
«Viens on va prendre un billet de mini loto! On va gagner pis on va placer l'argent à la banque pis on va retirer les intérêts sans toucher à l'argent!» déclarait souvent Suzan dans toute la sagesse fiduciaire qui était sienne. Mais quel régime de méritocratie classique Suzan avait-elle fui pour se retrouver dans un monde pareil où il n'y avait qu'une seule façon de se sortir de l'indigence : la «mini loto»!? Il ne faut pas penser que Suzan mettait tous ses œufs dans le même panier. Elle encourageait tout de même Piayeluc, son fils, à être «bon à l'école». «Mon fils c't'un génie, j'yai toutt donné quand qu'yé né…Y m'en reste pu!» rétorquait souvent Suzan aux intéressés qui s'enquéraient de la disparité de tempérament mère-fils. Une Suzan qui ne répondait à aucune question sans faire une ''blague'' qui se voulait drôle, une grimace ou une onomatopée suivant une pincée sur une fesse de l'interlocuteur. Un contraste saisissant avec la trace que ten years old Piayeluc laissait dans l'esprit des gens en s'époumonant sur la piètre condition agraire en Afrique de l'Est ou sur la viabilité d'un Québec souverain. Rien de nouveau sous le Soleil alors que four years old Piayeluc, junior aux négoces, avait fixé le montant de la pension alimentaire que Suzan recevait de Robahir. Déjà prise en charge par Faniev pour certains aspects de sa bourse, Suzan telle une mère veuve nigériane bénie par l'aide au foyer de ses 9 enfants, savait qu'elle pouvait également compter sur Piayeluc. Patiemment il enseignait à sa mère les rudiments de la cuisson rapide : «Tu pèses su' TIME/COOK, UN, ZÉRO, ZÉRO, START, maman si tu veux l'arrêter tu pèses sur CLEAR/STOP ou attend maman si tu veux aller plus vite tu pèses su' QUICK MIN, START et ça fait la même chose!». Une Suzan ébahie devant autant de termes anglais demandait souvent qu'on vienne lui «partir» le four à microondes. Article de cuisine ultimement essentielle dans la cuisine de Suzan parce que ses enfants, à son corps défendant, raffolaient de «pidzâ pis d'pogo». Suzan préférait bien sur nourrir ses enfants avec des soupes aux légumes ou de bons mets cuisinés maison, mais ses talents culinaires, décriés publiquement dans les sourates de Lachine, ne menaient qu'à des gibelottes d'épouvante. Au goût, la gastro…nomie de Suzan saisissait la gorge et coupait l'appétit des vivants. Elle disait se souvenir de la façon dont sa mère faisait les plats traditionnels d'une maisonnée respectable [elle s'exprimait avec d'autres mots], mais notre Suzan avait davantage l'air de jouer à shuffle avec ce qui gisait dans le frigo ou ailleurs pour concocter ses ''recettes''. Tout ce qui lui tombait sous la main finissait dans la casserole du soir. Il y a eu le fatidique soir de novembre durant lequel Suzan rendit malade à la table son fils. Durant la journée, le jeune Piayeluc en quête de nouvelles expériences scientifiques avait pris les arachides de son sac de bonbons d'Halloween et les avait broyées pour tester un beurre d'arachides homemade. Dans le processus, Piayeluc s'était surement fatigué et intéressé à autres choses et avait laissé la poudre d'arachides sur le comptoir de la cuisine. Il n'en fallait pas plus pour que Suzan fût prise par l'envie de mettre le fruit du labeur de son fils dans un ragout de bœuf aux légumes. «Un stew vet'namien» s'entêta à répéter la grotesque cuisinière à qui voulait bien l'entendre. «Maman ça goûte pas bon dans ma bouche, j'aime pas ça. Je vais vomir, j'te l'jure, maman, c'est pas drôle» avertit le jeune Piayeluc. «Arrrrrrrrahit de niaiser pis mange!» lui répondit la légendaire Suzan en colère! La gorge de Piayeluc se verrouilla. Rien ne pouvait plus y descendre mais tout pouvait remonter et c'est ce qui se produisit. Piayeluc dans un jet nullement flasque expulsa la gadoue maternelle du ''Vietnam'' sur la table. Faniev se rappela toute sa vie la forme qu'avait pris le vomi expulsé par son jeune frère qui était tombé sur la table comme une haute tour de glue moulée par l'œsophage. De pizzas et de pogos les enfants de Suzan? Assurément par instinct de survie.
Regina coqua et vomitiones principis heredis.
RépondreSupprimerLes sourates de Lachine sont où?
RépondreSupprimerUne haute tour de glue moulée par l'oesophage... c'est comme si c'était du plâtre, ça pouvait pas être si mauvais que ça quand même?
RépondreSupprimer@ ceux qui connaissent Suzan : ce soir sur mon blog,"tant attendue" la suite d'une série de chroniques sur l'univers déjanté d'une enfance avec Suzan. Criez, riez, commentez et rappelez-vous Suzan.
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