La transparence de son gouvernement. C'est la panacée recherchée par l'électeur. Il désire savoir, comprendre et analyser les décisions des gens qui le gouvernent. Parce qu'il s'agit de son argent, l'argent publique prélevé à même son salaire par le fisc, il réclame un droit de regard sur la façon avec laquelle cet argent est dépensé. C'est donc par le processus de vote qu'une relation de confiance est établie entre l'électeur et le candidat électoral.
C'est justement une crise de confiance qui, en 2006, a précipité la chute des Libéraux fédéraux après un règne au pouvoir de plus de 12 ans. Le Parti conservateur a donc effectivement surfé sur le mécontentement du «scandale des commandites» pour défaire les Libéraux aux élections. C'était sur le mot d'ordre d'«imputabilité» que se sont faits élire les Conservateurs. La farce débute ainsi : si on veut se faire élire quand l'autre est honni de la population, on clame être son contraire même si on ne l'est pas.
Non! Le Parti conservateur n'a pas formé un gouvernement transparent et imputable, il a au départ formé un gouvernement extrêmement soucieux de son image. Par la suite ce souci est vite devenu une obsession organisée et centralisée autour du bureau du Premier ministre qui s'est mis sur le travail de contrôler toute information sortant de tous les ministères du gouvernement fédéral. Le Conseil privé, le ministère du Premier ministre, s'est rapidement transformé en système nerveux central de ce gouvernement qualifié maintes et maintes fois de «paranoïaque» dans les médias. La frustration des journalistes et reporters a été couchée sur papier et à l'écran lorsqu'ils décrivaient les fins de non recevoir administrées par le gouvernement à leurs demandes d'entrevue avec les ministres ou à leurs simples demandes d'informations publiques afin d'écrire un article ou un reportage. Le portrait juste de la situation est le suivant : les téléphones des différents ministères fédéraux sonnent et personne ne répond aux journalistes. Les journalistes sont donc obligés d'appeler le Conseil Privé pour une demande d'entrevue qu'ils n'auront [trop] probablement jamais. S'ils veulent obtenir de l'information publique en le demandant simplement, celle-ci ne sortira pas, ils doivent sommer le gouvernement de se conformer à la loi d'accès publique à l'information ou le menacer de poursuites judiciaires. Le gouvernement conservateur pousse souvent la blague même jusqu'à fournir des documents censurés aux journalistes consternés.
Pensons à l'électeur qui regarde Celine Galipeau qui, en plein téléjournal, encourage par des regards dépités et insistants notre Emmanuelle Latraverse, aujourd'hui chef de bureau à Ottawa, à poursuivre les ministres-députés fuyant à la course le micro dans les couloirs du Parlement. Les journalistes au service de l'information des citoyens répondant aux courriels que vous pouvez leur envoyer ou peuplant peut-être votre entourage vous le déclareront de leurs aveux sincères : ils n'ont jamais fait face à un tel black out de l'information publique appartenant à tous les citoyens. C'est du jamais vu! Les conditions actuelles avec lesquelles le gouvernement filtre l'information sont décriées comme étant antidémocratiques et cela même par la société d'État fédéral qu'est Radio-Canada. À cela nous ajoutons qu'elles sont certes non seulement indignes de la confiance du peuple, mais abusives et carrément dictatoriales. La position délicate héritée d'un gouvernement minoritaire n'empêche pas ce déficit institutionnel aberrant de la gouverne opaque aux vitres teintes. L'exécutif peut, en toute impunité, se replier et s'isoler de sa base électorale en traitant les oreilles et les yeux de celle-ci, les médias, comme des fauteurs de trouble. Normalement vus par les gouvernements successifs comme un mal nécessaire pour rejoindre tous les Canadiens, les médias sont fuis comme la peste par le gouvernement conservateur transformant leur serment de transparence et d'«imputabilité» au peuple en véritable doigt d'honneur à Monsieur et Madame Tout-le-Monde.
Behind closed doors of the Privy Council - Graphical courtesy of your incumbent federal government - ''Enjoy secretive governance up your |
La blague ludique des Conservateurs n'est pas seulement de jouer à cache-cache avec les journalistes à la sortie de la Chambre des Communes. À vrai dire, leurs pitreries commencent en chambre aux dépends des députés de l'opposition parce qu'en Chambre, les Conservateurs ne peuvent pas fuir et se doivent de rester assis pour défendre la position de leur gouvernement sur les dossiers de l'heure. L'électeur voit sur son téléviseur les images retransmises depuis la Chambre des Communes montrant les députés sous des tonnerres d'applaudissements posant des questions indirectement pour mettre de la pression sur le gouvernement. Le spectacle bizarre dans sa cérémonie obnubile ainsi l'électeur lui cachant la vérité au sujet de la gestion conservatrice de ses contributions fiscales. Oui, le théâtre des Communes peut parfois produire de sérieux résultats et forcer le gouvernement siégeant à soumettre des rapports à l'assemblée. Encore une fois ici le gouvernement conservateur fait ce qu'il sait bien faire : faire preuve d'illégalité en voulant gagner du temps en ne produisant pas les documents requis par les députés de l'opposition qui ont été, rappelons-le, envoyés par la majorité de la population canadienne pour venir faire face à ce gouvernement d'arrogances. Ne vous imaginez pas, cher électeur, que le gouvernement actuel remettra les documents dans les mains de l'opposition sans attendre que ceux-ci les menacent de poursuites judiciaires pour non-respect de la loi d'accès à l'information publique. Nous sommes dans un Zimbabwe Canada libre, quand même! Non! Le gouvernement du Canada actuel le fera éventuellement en les remettant censurés aux députés pour la forme. Qu'en est-il de l'information proprement dite destinée à la défense des intérêts des citoyens? Elle est oblitérée par l'opaque gouverne conservatrice arguant que pour les besoins de la sécurité nationale, ces documents ne peuvent être rendus publique. Pure facétie! Cinglant par son détachement, à ce propos, Gilles Duceppe devant les caméras déclare sur le ton de la banalité et de l'habitude [ce qui donne froid dans le dos] qu'il fait face à un gouvernement qui ment sur tous les dossiers nationaux [!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!]. Pourquoi les Conservateurs siègent-ils à l'exécutif du pays de l'électeur si ce n'est que pour lui mentir en plein visage et en tout déni de droit. ''Mentir''? Il a vraiment dit ''mentir''? L'électeur le savait «comme un peu» que son gouvernement ne disait pas la vérité, mais n'avait peut être pas donné le plein sens à ce mot dans son cerveau. D'autres mensonges à venir, Monsieur l'électeur.
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