vendredi 24 décembre 2010

Suzanneries - Part XVIII

Christmassy Messy Mass


«Mon goût à moi…mmmmon goût à moi…c'est l'vin dans cave chez Robahir» confia Suzan la main plaquée contre sa poitrine exprimant ainsi le tendre sentiment de sa propre satisfaction. La veille de ce souper de Noël du 25 décembre 2007 Suzan avait fait un voyage dans le temps de plusieurs années et avait eu la sublime chance de visiter la maison de Robahir…en son absence alors qu'il était Ad Terram Floridae pour la période des fêtes. Aveuglé parce qu'aimant sa mère, c'était un then twenty-two years old Piayeluc qui lui avait ouvert les portes en toute inconscience de ce qu'une bonne femme alcoolique «su'é peulules», aux portes de la pauvreté et accro de la vindicte pouvait bien faire comme ravages une fois dans l'enceinte de son ennemi juré et, cela même, dix-huit ans après son départ de Saint-Édouard.

La veille de cette déclaration célébrissime suzanesque du ''mon goût à moi'', soit le 24 décembre 2007,  chez Mononkpiaye et Matantdanyel pour souper, c'était un Granpapapaul confus par la vieillesse qui ouvrait la bouche que pour psalmodier des injures envers Suzan. Il regardait Piayeluc tout juste à sa droite avec ses yeux gériatriques de tueur en série pour lui chuchoter rapidement : «Hé qu'ah'est niaiseuse! Grande épahisse! Qu'est-cé qu'ah fait icitte?». Questions et commentaires qui ne manquèrent pas de susciter la plus intense perplexité chez Piayeluc voulant répondre que Suzan était, bien entendu, présente parce que c'était Noël, tout simplement. Le grand-père à l'article de l'agonie et à peine capable de garder la nourriture qu'il avalait gaspillait ainsi ses dernières secondes de voix pour s'assurer que son petit-fils sût que sa mère représentait l'Irrationnel de toute chose. Il la regardait comme on regarde une corbeille à papier ayant été utilisée pour jeter du poulet cru. Granpapapaul prenait même la peine de demander dans un français d'Alzheimer si ROBAHIR passait un beau temps des fêtes [!!!!????]. Suzan à la table de Noël devant son père l'entendait donc demander bruyamment à Piayeluc des nouvelles de Robahir disparu de la carte lachinoise depuis près de vingt ans. Affront direct à Suzan dissimulé entre deux quintes de toux borderline-vomissures du vieillard. Pathétisme ultime peut-être que, même bardé de sénescence, le patriarche de Lachine en vînt à indiquer aux vivants attablés sa désapprobation et sa dissociation totale face à cette femme folle qu'il avait cueilli à l'orphelinat cinquante-et-un ans plus tôt.


'' Illusion of Midnight Mass'' -
Piayeluc's princedom of St-Édouard
Lachine ne faisait plus de messe de minuit avait annoncé solennellement Matantdanyel! Now a quarter to ten PM, Piayeluc décida que la messe de minuit ne pouvait avoir lieu que dans un village old school comme St-Édouard. Le jeune prince couronné du fief St-Édouard n'avait pas besoin d'invitation officielle pour se rendre dans la paroisse de son couronnement surtout pour une visite obligatoire au Jésus pour son anniversaire. Suzan était seule? Jésus brillait pour elle aussi, pensa le jeune prince. Après tout, Suzan avait été suzeraine sur cette contrée de l'hiver pastoral as Queen consort of Robahir the First. Plusieurs cigarettes en voiture plus tard, c'est le manteau de fourrure bien imprégné que Suzan franchît les portes de l'église des sacrements de son fils. Au grand déplaisir des deux citadins catapultés dans le rural croyant, la messe tirait à sa fin. Même St-Édouard avait une messe de minuit frauduleuse dans l'appellation. Suzan, une reine déchue dans son jubilé de vie, était assise sur les bancs vernis juste à temps pour l'échange de la paix, le comble! Elles pouvait alors serrer la mains à des gens et se donner victorieuse en spectacle en disant : «Que la paix soit avec vous.». Certains sujets du fief présents dans l'église reconnurent leur ancienne reine contrainte à l'exil : «Heille c'pas vrai! Sühü Zan toé! Ça va? Wow ça fait longtemps? Qu'est-ce que tsu d'viens?». C'était une Suzan qui n'avait rien de bien spécial à raconter sur son devenir mais très fière d'être présente qui lâcha un insignifiant et archifaux : «Ben j'm'occupe de mes enfants là...». Douleur aux oreilles de réalité bien réelle que portait Piayeluc. Honte à Suzan était d'avouer qu'elle cumulait en fait les malchances depuis dix-huit ans, qu'elle était dépressive et alcoolique et qu'elle était retombée sur le Bien-être Social plusieurs fois depuis. «Piayeluc, tu l'as connais la madame? Ça c'est Klahire, la cousine à ton pahire.» annonça Suzan à son fils qui, lui, sera la main en toute connaissance de la personne en question, les yeux aux cieux. Il s'agissait en fait de la femme du cousin à Robahir et un regard entendu fut échangé entre la dame et le prince qui, bien évidemment, avait mutuellement reconnu leur appartenance au fief. Un fois l'église de Jésus quittée, Suzan embarqua dans la voiture avec sa cigarette jointe à son entre-doigts pour réaliser que Klahire rentrait à pied chez elle : «Awouaye-donc Piayeluc un p'tsit lift à Klahire yh fait froid!». Suzan abaissa la vitre de la voiture à la rencontre de Klahire sur la route qui refusa de monter dans le véhicule  préférant la piété de solitude qui devait la porter chez elle après cet communion réellement chrétienne. Suzan passait à côté de ce recueillement de la Nativité obnubilée plutôt par les nerfs que lui faisaient vivre ce flash back St-Édouard.

''Midnight, He Was Born'' -
The reason why she was at the church -
Suzan's forgetfulness
Une fois dans le mansion de Robahir : «Voler Robahir!» devait alors penser Suzan, les deux mains sur les steaks dans le congélateur du sous-sol. Jusque-là, le jeune adulte qu'était Piayeluc se voyait mal de refuser du «manger» à Suzan qui, selon ses dires, n'en avait pas. Le congélateur débordant, le fait que Robahir avait une «bizniss» et que c'était «facile pour lui d'avoir du manger» finirent par convaincre le fils de laisser la mère remplir sa sacoche de viande. C'était Noël, December twenty fifth flush après tout se disait peut-être Piayeluc! L'idiot d'insouciance croyant qu'il était en compagnie d'une adulte partit dans sa chambre pour prendre ses vêtements et laissa ainsi sa mère découvrir seule qu'il y avait du «vin dans cave chez Robahir». Fin de la vie! Pré-Soulita s'ouvrit sur place une bouteille de blanc et dégusta bruyamment en sapant le liquide jaune pisse. Lorsque Piayeluc revint sur les lieux pour découvrir que Suzanéthylique avait pris place au minibar du sous-sol, il scanna rapidement la bouteille et vit que celle-ci buvait du vin de bas-étage. Soulagements puis inquiétudes de Piayeluc pour la vie de sa mère. L'étiquette de la bouteille affichait une locomotive ''art-déco'' et semblait avoir été collé à la main avec de la salive dans un autre sous-sol de campagne. Suzan était bel et bien en train de boire un de ces vins dits ''maison'', faits de concentré de ''raisins[?]'' auquel de l'eau devait être ajoutée dans une cuve avec de l'équipement offert en location généralement dans une boutique de vin en vrac du boulevard Taschereau à Brossard…Robahir avait plusieurs de ces mêmes bouteilles alignées sur le minibar pour un effet ''décoratif'' discutable. Du souvenir dédaigneux de Piayeluc, les bouteilles d'urine provenaient probablement du paiement d'une dette de marchandises de l'aveu-même de Robahir : «c't'un gars qui m'devait d'l'arrrgent qui m' 'es a swignées en échange, tsé lui qui fait son vin lâ». Un vague sourire vint à l'esprit de Piayeluc imaginant peut-être même Grinderz, la femme de Robahir, vouloir laver les toilettes avec ce liquide d'aberration aux propriétés dissolvantes. Ce qui avait peut-être été un vin blanc circa 2002 avait manifestement viré en dérivé postindustriel d'alcool à friction. Comment Suzan pouvait-elle boire goulument un ''vin'' for your eyes only alors qu'il gisait-là en mi-poison des vivants. Le foie suzanesque tenait bon devant les yeux écarquillés de Piayeluc évaluant mentalement si les agents du Centre antipoison travaillaient le soir de Noël. La fin aurait été glorieuse pour Soulita retrouvée morte en ayant siphonné les fioles de tout fiel dans le sous-sol chez Robahir. L'histoire empira lorsque Suzan, toujours vivante, mit une seconde bouteille entre deux tournedos de porc dans sa sacoche en déclarant l'index en l'air : «Tsé Piayeluc, Maman ah s'sent pas mal d'en prendre une autrr' bouteille parsque j'ai payé pour toute ça ici, moi». Le regard de Piayeluc se promena sur le vaste sous-sol de Robahir récemment rénové pour finalement se porter sur le plafond pour implorer le ciel de Noël plus haut de venir le délivrer de ces mots [maux] suzanesques.                 

''Deadly Sip'' -
Suzan's choice above all


Le lendemain ce fut chez une Faniev soucieuse de bien recevoir la famille de Lachine dans sa première propriété que Suzan avait eu l'idée géniale et grotesque d'affirmer sa préférence dans la sommellerie de tous vins. Faniev servit un chardonnay bien boisé à ses invités, ce qui ne manqua pas de susciter l'émerveillement de Piayeluc qui s'empressa de complimenter sa soeur pour son choix. Suzan en face de son fils au comptoir lui fit un signe des doigts pour exprimer son désaccord et déclara sérieuse dans toute sa splendeur : «Piayeluc, j'veux pas t'faire de peine là, mais mon goût à moi…mmmmon goût à moi…c'est l'vin dans cave chez Robahir». 

1 commentaire:

  1. @ ceux qui célèbrent Noël, ce soir tel que promis avec Jésus : LE SPÉCIAL NOËL DES SUZANNERIES! Notre bonne Suzan sur deux jours de festivités en 2007. Festoyez, buvez bien, priez, aimez tendrement et partagez Suzan pour Noël.

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