samedi 4 décembre 2010

Suzanneries - Part IX

Lesbian Fight


«R'tourne de baour! Tu prendras pas l'p'tsi, toé, ma grosse criss de lezbienne» lâcha Suzan dans un éprouvant corps-à-corps avec la tante l'Île-Yann sur le perron de la résidence suzanesque. Pour les voisins, c'était comme si le temps s'était arrêté. Une employée de Poste Canada immobilisée avec ses lettres dans la main regardait la scène incroyable et y voyait deux femmes se battre sur une galerie en béton de banlieue. La première avait dit : «J'men viens chercher Piayeluc. Robahir est occupé, yh pouvait pas v'nir le chercher». La deuxième, notre bonne Suzan, évidemment refusa et bloqua l'accès à la porte derrière laquelle Piayeluc et Faniev transis de peur et en larmes se tenaient. «Arrête! Maman, arrête!» pleuraient-ils agenouillés implorant à travers la Sublime Porte pour que Suzan abandonne son combat de démence. The children of Suzan comprirent ce jour-là que rien ne pouvait s'opposer à la rage et à la volonté irréfléchie de leur mère, pas même une l'Île-Yann compacte et sportive. En vérité, l'Île-Yann était accompagnée par sa copine, l'androgyne d'Ann-He, et celle-ci, bouche-bée, fut mêlée malgré elle à la folie violente d'une Suzan prenant à la gorge les deux envoyées de Sapho. Pourquoi Suzan démontra-t-elle ce jour-là qu'elle avait sa propre version de l'histoire de la chasse galerie? «Parce qu'ah veut juste faire chier, c'est juste ça qu'ah fait dans vie» répondait rapidement Robahir à cette question. Suzan, elle, se réfugiait toujours derrière le légal : «Sur la garrrde, c'est écrit que le PAHIRE vient chercher le p'tsi...pas sa grosse criss de sœur!».

Chasse galerie : Suzan wants you to enjoy another type of  ride...down the stairs.

Ce que Suzan exprimait dans ses accès de colère c'était en fait son aversion pour les ordres et son problème criant avec l'autorité qu'un tiers pouvait avoir sur sa personne : «Ma mère est morte pis pu personne va v'nir dire à Suzan de Lachine qu'essé faire. C'tu clair?» disait souvent Suzan a qui voulait bien l'entendre. La vision que Suzan avait de Robahir et de son clan de St-Édouard était que de leur bouche sortait inévitablement un diktat visant à la paupériser davantage ou à abuser de sa faiblesse de mère monoparentale ce que par quoi elle répliquait son fameux : «C'est fini l'piknik!». En oppresseur au verbe offensant, l'Île-Yann avait toujours été aux yeux de Suzan une personne «bête comme ses pieds, pis autoritahir pis avec elle c'est comme ça k'ça marche». Infatigable dans ses comparaisons et ses histoires faisant rouler les yeux de ses enfants haut vers le ciel, Suzan enchaînait ses explications par : «C'pour t'donner un exemple. C'est comme si j'allais dire à Matant'danyel quoi faire dans vie avec les Jummho parce que j'suis la sœur à Mononkpiaye! Fack l'Île-Yann ah pas d'affaire ah v'nir me donner des ordrrr parce qu'c'est la sœur à Robahir. Ah l'arrive ici pis ah m'parle à moi, la mère, comme si c'est elle le boss».


Suzan's extraterrestial pregnancy 


Suzan passait assurément par une longue tirade d'histoires qu'elle mitraillait à Piayeluc et Faniev au sujet du tempérament de l'Île-Yann : «Tout le monde à St-Édouard y'ont d'la misère avec l'Île-Yann. Ah'est comme Papi, ah l'a la même air de beuh pis ah'est jamais contente! Ah pas d'sensibilité pis ah'est ben ruff pis pas délicate avec le monde. Y'a la fois où Maman était enceinte de Piayeluc pis j'étais au Richeulieu à St-Édouard pis Maman ah s'avait pogné le doigt à quekpart pis son doigt avait enflé. J'avais un doigt bleu pis brun pis plus long que le reste des autres pis ta tante l'Île-Yann ah trouvait ça ben drôle. Fack ah rentr' dans l'Richeulieu pis Maman ah'est à caisse pis l'Île-Yann ah m'voit pis ah m'dit devant tout le monde au Richeulieu : ''Salut, comment ça va, E.T.?'' tsé comme dans HEE-TEE-téléphone-maison, tsé l'extraterrestre-là, ben Maman avait l'doigt pareil comme E.T.. Enteucâs quand té t'enceinte, Piayeluc, t'as ben d'la peine pis té ben sensible, pis l'Île-Yann ah l'savait qu'j'étais pas dans l'état de m'faire dire des bétizes. Fack Maman ah laissé ses affaires pis ah'est partie en braillant du magasin.». Cette histoire de rencontre de belles-sœurs à l'épicerie précédait invariablement celle-ci : «Pis ya aussi la fois que moi pis Robahir on r'cevait du monde à maison pis un soir on avait un koupp d'amis qui sont v'nus jouer aux cartes, pis ta tante l'Île-Yann était là avec nous c'te soir-là. Fack on jouait aux cartes pis ta tante l'Île-Yann ah voulait gagner pis ah trouvait que la fille du koupp qui jouait aux cartes ah jouait mal fack ah yh disait : ''Pourquoi t'as joué c'te carte-là? T'aurais du jouer ça!'' pis l'Île-Yann était tellement bête pis pas fine avec elle qu'ah l'a faite pleurer, la fille du koupp. L'Île-Yann avait pas d'affaire à faire pleurer nos invités à moi pis Robahir!».

Le torchon brûlait donc déjà entre Suzan et son ex-belle-sœur, mais dans l'absurdité dont faisait preuve Suzan, elle demandait souvent des nouvelles à Piayeluc de sa tante saphique qu'elle avait tenté d'étrangler. «Pis l'Île-Yann aussi va bien à St-Édouard? Pis sa blonde d'Ann-He est fine aussi avec toi? Pis tu yh dirrrras qu'ah cause qu'ah'est lezbienne faut qu'ah r'garde la dramatssique de Jeanette Bertrand à soir, yh parlent des lezbiennes. Faut pas qu'ah manque ça. Pis Mamie pis Papi devraient r'garder aussi la dramatssique de Jeannette Bertrand parce qu'yh faut qu'yh l'acceptent que l'Île-Yann c't'une lezbienne. Tu l'diras à ton pahire aussi de r'garder ça pour qu'yh comprenne lui aussi qu'sa soeur c't'une lezbienne. Tsé Piayeluc, Jeanette Bertrand a fait avancer beaucoup de chose au Québec dans les mentalités de gens. Mamie pis Papi pis Robahir faut qu'yh comprennent çâ.». Mais qu'est-ce que Jeanette peut-elle bien penser de Suzan-violence physique et verbale?
Never underestimate Jeanette psychic powers on Quebec society often said Suzan

             

4 commentaires:

  1. Un des meilleurs récits suzaniques, tant dans la forme que dans le fond. J'me sens voyeur pis j'aime çâ!!!

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  2. Wow Merci! Tu es complaisant envers cette petite merde que j'écris tranquillement. Pour allumer ton voyeurisme, c'était le but. Merci de lire ma turpitude maternelle : l'écrire, ça me libère excessivement.


    Des bises

    signé-ed : Only son of Suzan

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  3. Suzanna mater cum digito magico quomodo extraterrestrialem telephonum mansionem.

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  4. ‎@ ceux qui suivent pas à pas les quêtes de Suzan : ce soir sur mon blog : un spécial «Lesbienne qui se respecte». Voilà de hauts mots suzanesques pour votre coeur de Lesvos. Vous y lirez une rare violence verbale et physique et apprendrez l'absurde valeur de pardon ou peut-être l'oubli conscient du mal répandu. Criez, battez-vous pour vos principes...mais, de grâce, cachez vos enfants avant!

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