jeudi 23 décembre 2010

Suzanneries - Part XVII

Mother Daughter 2 - Pull my hair



''While Mother's Starving'' -
Piayeluc's Floridian shopping spree

«Pis toi tsü rrroules, pis tsü dépenses d'l'arrgent pis tsü t'achètes des coffres à crayons Lui Viton à 40 piass en Fleurride pendant qu'Maman ahl'a d'la misère à arriver???... Pis qu'ahl'a d'la misère à acheter du manger??? Toi t'as ben du fun, j'veux pas t'déranger, ben non tsé!» brailla Suzan incrédule lorsque eighteen years old Piayeluc l'appela depuis la Floride pour lui souhaiter «Joyeux Noël». Les cloches de la joie ne résonnaient manifestement pas au Royaume de Lachine contrairement au camp de retraite du fief St-Édouard battant drapeau à Fotladeudayz en Floridie méridionale durant la période de nativité du Saint Sauveur and beyond. Notre bonne Suzan, violoniste professionnel, sortait son stradivarius dans un longue-distance téléphonique transcontinental, larmes à l'appui, pour transmettre les notes d'une symphonie intitulée d'emblée : ''J'te fais feeler cheap''. Les sentiments de culpabilité et de pitié ne réussissaient pas à s'estomper du travers de la gorge de Piayeluc pas plus qu'il avait réussi à calmer une Suzan au téléphone ayant mis fin à deux reprises aux conversations par des : «Piayeluc, Maman ah t'laisse là... ah trop d'peine pour continuer à t'parler parce que Faniev est pas fine pantoute avec moi».VLAM raccrocha-t-elle. Merry Christmas Piayeluc, your sister is a bitch! Au-delà de la peine véritable qu'avait sans doute Suzan-détresse, elle faisait ainsi deux piailles d'un coup : elle s'assurait que tout le clan St-Édouard entendît sa peine drainant ainsi leur énergie des fêtes et accaparant l'esprit du jeune Piayeluc en cette nuit magique à l'autre bout du continent ET elle s'assurait que le jeune arbitre familial qu'était Piayeluc s'intéressât du sujet des nouvelles chicanes mettant en vedette Faniev dans un prétendu rôle de brutalité gratuite envers sa mère. Spectacle suzanesque! Suzan ne faisait pas que jouer du violon, elle aimait bien aussi le théâtre de marionnettes qu'elle activait à coups de culpabilité par de violents rappels de cordon ombilical. Suzan et la théorie des cordes, rappelons-nous : En moment de panique, tirez sur toutes les cordes à la fois.

Mis à part ses épisodes de fugues d'adolescente, un beau jour, Faniev en avait eu assez. Elle était officiellement nantie en tant que waitress et avait décidé d'aller vivre en appartement près de ses nouvelles réalités de vie, loin du Royaume de Lachine. Elle était en âge et en situation de se plaindre plus qu'à l'habitude de la fatigue qu'elle commençait à ressentir dans le dos à tenir à bout de bras Suzan-famille. Faniev chantait souvent qu'elle n'en pouvait plus de vivre «dans saleté pis dans cochonnerie» laissées par sa mère et son frère. La rengaine avait été trop longtemps chantée, à quelques mots près, comme suit : «J'tannée d'ramasser pis d'faire le ménage parce qu't'es t'une cochonne dans vie, Maman! J't'année d'te faire vivre, de t'prêter d'l'argent pis qu'tu me l'ormette pôh!». Son départ de Lachine était nécessaire pour son indice de développement humain personnel qui aiguillait dans le ''à bout de souffle et de patience''. Faniev avait vécu avec Suzan toute sa vie, avait connu sa misère matériel et d'esprit, avait côtoyé la lourdeur de son intimité, de ses discours, avait partagé la malédiction de l'apitoiement sans repos et avait été la ressource psychologiquement responsable d'une maisonnée depuis les racines de l'adolescence. Le CV de Faniev débordait de maturité et des dures enseignements de l'école de la vie. Ce départ du nid d'ordures ne s'était certainement pas fait sans heurts et sans déchirements dans le coeur-même de Faniev, mais il arracha une entente tacite et historique entre deux ennemis de toujours : Faniev et Piayeluc. Désormais quelque peu plus adulte, Piayeluc était peut-être plus à même de reconnaître l'esprit de sacrifices qui avait forgé le tempérament difficile de sa soeur  en opposition franche à son mode de pensée de mi-pute pédante mi-bourgeoise lettrée. Peu avant le départ de Faniev, soeur et frère en arrivèrent à intervenir de concert dans des nuits où Soulita refaisait trop fréquemment surface. La solidarité fraternelle devant l'absurde naquit peut-être du chapitre le plus saugrenu à avoir jamais été écrit dans les sourates de Lachine : Soulita-morning nue sur le balcon donnant sur la cour arrière. C'était avec les lèvres mauves de son visage au regard saoul de ''comme si de rien n'était'' et la vue sur les autres lèvres exposées, elles, par ses jambes écartées entre les barreaux du balcon à qui voulait bien regarder la scène que notre bonne vieille Soulita atteignait le sommet de son art de «grande saoulonne». Profitant des premiers rayons du Soleil à frapper son corps exhibé au tout Lachine, elle tenta un regard scandalisé et banal à ces enfants : «Ben quoi? Y'a rien là!». C'était en fait les tous premiers moments vécus par les proches d'une Soulita matinale qui fera d'autres mémorables apparitions allant jusque après le zénith dans ce qui sera désigné plus tard par la science de Piayeluc comme étant le célèbre '' Soulita spécial : rock around the clock''.

''All Night Long'' -
Soulita's song for morning appearances
 Apparemment ou pas, les écarts de comportements suzanesques étaient loin du cœur de ses enfants une fois sobre. Ainsi Suzan était autorisée à rendre visite à Faniev désormais véritablement waitress barmaid montréalaise. Ce fut une Suzan qui arriva avec ses sacs de plastiques contenant ses souliers d'intérieur, la sacoche coincée à l'aisselle, les cheveux blonds «teindzü» [redécolorés] avec les pointes hérissées au gel Life™ ou Personnel™ et sa cigarette beurrée rose deux tons tenue in extremis du bout des lèvres. Faniev et Suzan se rencontraient alors pour une soirée de Noël à laquelle elles devaient assister. Suzan s'assit et demanda à Faniev de la coiffer. Tâche laborieuse que Faniev exécuta avec la douceur du charcutier. Drames téléphoniques de Noël se décrivait alors ainsi en pleurant à chaudes larmes : «J'yé dzi, pis j'yé répété qu'était ruff avec moi! Ah m'a fait tellement mal, Piayeluc, ah'est pas délicate! T'as connais. Ah m'a tiré les cheveux tellement fort en m'es peignant que Maman ah été obligée de pogner sa sacoche pis ses affaires pis s'en aller tellement ah'avait d'la peine d'être traitée d'même par sa fille. Maman ah voulait pas pleurer d'vant elle, Maman ah s'ortonnait, tsé! J'l'ai mi' au monde c't'enfant-là pis c'est Noël, calvinous!».

    



1 commentaire:

  1. ‎@ ceux qui veulent un petit avant goût du spécial de Noël promis pour demain, le 17e épisode de la série qui a amené le Bas-Canada a chérir chaque moment suzanesque, perle offerte par l'absurde. Ici #2 sur la relation Faniev-Suzan : comprenez, sympathisez et aimez un Noël Qui se voulait maternel malgré les "bitcheries"!

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